Trois ans après la fusion franco-américaine, le groupe de services parapétroliers TechnipFMC s’est scindé en début d’année 2021 pour donner naissance à une nouvelle entité, Technip Energies. Bruno Vibert, directeur financier de Technip Energies revient sur les enjeux de ce carve-out et identifie les facteurs qui en ont fait un véritable succès.
DĂ©cideurs. Comment s’est dĂ©roulĂ© le carve-out de Technip Energies dans ce contexte de crise sanitaire ?
Bruno Vibert. Il s’est rĂ©alisĂ© en deux temps. CommencĂ© fin aoĂ»t 2019, il devait Ăªtre conclu au premier semestre 2020. Il a Ă©tĂ© finalement mis en pause compte tenu de l’environnement sanitaire et Ă©conomique gĂ©nĂ©ral. Avec l’arrivĂ©e du vaccin, notre capacitĂ© Ă prouver que nos projets pouvaient Ăªtre mis en Å“uvre et avec des marchĂ©s financiers et pĂ©troliers en rebond, nous avons pu relancer le spin-off en janvier et le finaliser seulement quelques semaines plus tard. Cela a Ă©tĂ© l’occasion de dĂ©montrer au marchĂ© et Ă nos clients que malgrĂ© un environnement compliquĂ© les compĂ©tences et l’ADN de Technip Energies Ă©taient suffisamment solides pour y faire face.
Ce carve-out a Ă©tĂ© un vĂ©ritable succès. Tout d’abord en interne grĂ¢ce Ă l’adhĂ©sion des Ă©quipes au projet et la volontĂ© de dĂ©montrer de manière indĂ©pendante la valeur de l’entreprise. Du point de vue externe, les clients nous ont renouvelĂ© leur confiance et, dès le premier trimestre, nous avons conclu de très gros contrats comme celui du GNL [gaz naturel liquĂ©fiĂ©, Ndlr] au Qatar qui reprĂ©sente plusieurs milliards d’euros. Enfin, notre positionnement est idĂ©al pour adresser des thĂ©matiques de croissance notamment sur la transition Ă©nergĂ©tique, un Ă©lĂ©ment supplĂ©mentaire pour notre visibilitĂ© mais aussi pour l’engagement de nos collaborateurs dans cette dĂ©marche.
Quels sont les points d’attention primordiaux pour rĂ©ussir un carve-out ?
Il est nécessaire d’avoir une equity story, un projet entrepreneurial, fort. Cela permet avant tout d’obtenir l’adhésion des équipes ; ce qui est primordial pour les mobiliser pendant et surtout après le spin-off. Mais aussi pour la compréhension des clients et des partenaires sur la pertinence du projet et le positionnement de la nouvelle structure.
Pour réussir un tel projet, il est essentiel que l’équipe soit soudée et travaille de concert pour réaliser le carve-out tout en poursuivant la conduite des opérations en cours et des nouveaux projets, dans notre cas, le redéploiement stratégique pour répondre aux besoins de la transition énergétique.
Enfin, la partie technique ne doit pas Ăªtre nĂ©gligĂ©e. Tant d’un point de vue informatique, que de la trĂ©sorerie, ou encore des ressources humaines. Tous les process doivent Ăªtre en place pour que du jour au lendemain, une sociĂ©tĂ© – dans notre cas, 15 000 personnes – puisse Ăªtre autonome et continuer Ă opĂ©rer sans discontinuitĂ©. D’expĂ©rience et d’un point de vue technique, un carve-out est plus complexe qu’une fusion. En revanche, ce sont des projets qui offrent des opportunitĂ©s pour les Ă©quipes. Il faut cependant bien anticiper ces sujets et bien les accompagner.
"Le carve-out n’est qu’une première opération"
Et après ? Quels sont les Ă©cueils Ă Ă©viter ?
Le plus dur reste Ă faire. Les premières Ă©chĂ©ances sur les marchĂ©s, les premiers reportings, les premières rĂ©organisations internes, amènent très vite Ă se mobiliser. Le carve-out n’est qu’une première opĂ©ration et il faut s’attacher Ă dĂ©montrer la trajectoire qui a Ă©tĂ© promise au marchĂ©. La marge d’erreur est très faible. Par ailleurs, le travail de pĂ©dagogie doit Ăªtre poursuivi en interne comme en externe pour afficher des rĂ©sultats concrets rĂ©pondant aux attentes.
Nous avons traversé ces différentes étapes avec beaucoup de précaution, une grande rigueur et un réel esprit d’équipe. Je n’ai aucun regret tant sur l’opportunité de réaliser cette scission que dans sa réalisation dans un contexte exceptionnel lié à la pandémie COVID-19.
Quels sont les projets de Technip Energies ?
De nombreux relais de croissance doivent Ăªtre mis en Å“uvre afin de travailler Ă la dĂ©carbonation Ă travers de nouveaux secteurs, autres que le pĂ©trole ou le gaz, mais aussi pour investir sur la chimie durable ou encore le recyclage. L’enjeu est de cerner ce qu’un tel changement de business model implique et quelle trajectoire de croissance le groupe peut avoir avec ces opportunitĂ©s Ă la fois riches et complexes Ă aborder. Il est important pour nous que ces projets soient tangibles et que nous soyons un acteur clef de la transition Ă©nergĂ©tique.
Propos recueillis par Béatrice Constans